Texte

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Hey ! Comment allez-vous ? Je n'ai pas sorti d'article hier, faute de temps. Je me rattrape donc aujourd'hui en vous faisant partager un texte que j'ai écrit à l'occasion d'une rédaction, sur l'exil des Français du Nord après que l'armistice fut signée avec les Allemands en 1940. Bonne lecture !


  Le soleil se lève à l'horizon. Il projette une douce lueur jaunâtre sur les prés verts environnants. Je ferme les yeux, savourant un court instant la chaleur des rayons sur ma peau. Puis, je réveille doucement ma petite sœur Elisabeth. Je constate qu'elle meurt de faim, mais elle ne se plaint pas. Elle se contente de subir, comme nous tous. Pour ma part, j'étais debout depuis plus d'une heure, traqué par des souvenirs douloureux. Ma vie avait pris une étrange tournure depuis que nous avions quitté le village. Il y a encore quelque semaines, j'étais Valentin, un adolescent banal et insouciant. A présent, je suis Valentin, un orphelin fuyard et errant. Une sorte de face cachée de moi-même, révélée par la victoire des nazis en France, en cette sombre année 1940. On nous a dit de partir vers le Sud, mais où s'arrête véritablement le Nord ? Il n'y a pas de frontières, pas d'informations, pas de secours ; juste l'incertitude du lendemain.

  Comme tous les matins, Elisabeth et moi nous nous remettons en route, avec des centaines d'autres réfugiés qui cherchaient, comme nous, un havre de paix. Nous avancions ; vers où ? Personne n'aurait su le dire. Nous passons souvent dans des forêts pour plus de discrétion. Parfois, je me demande qui en décide... Cela s'apparente à cacher un troupeau d'éléphants dans un buisson. Aujourd'hui encore, le chemin que nous empruntons dans les bois est rude et impraticable. Au bout de quelques minutes, je dois prendre Elisabeth sur mon dos après qu'elle se soit foulée la cheville.

  Après une éternité de marche, j'aperçois entre les cimes des sapins celle d'un clocher. Personne ne s'en réjouit vraiment. Dans toutes les bourgades où nous étions passés jusqu'alors, l'accueil des habitants n'avait pas été des plus chaleureux. La France ne peut plus nourrir et loger tous les Français. Ce clocher n'est que le mirage d'un espoir, une utopie imaginaire. Nous nous approchons quand même, éreintés, affamés, silencieux. C'est là que je vois l'état du village, et comprends que nous ne sommes pas les premiers à demander l'hospitalité. Des dizaines et des dizaines de gens dormaient à même le sol, dans des hangars pour les plus chanceux, dans les rues pour les plus mal lotis. A notre arrivée, les habitants débordés nous sourirent froidement et nous foudroyèrent du regard. Nous nous répartissons dans le village, tentant chacun de notre côté de trouver de la nourriture. Je toque aux portes des maisons, essayant de trouver des soins pour ma cadette. Ce n'est qu'après quelques portes, où un silence hostile m'avait répondu, que quelqu'un m'ouvre. C'est une dame âgée assez compatissante, qui me désigne un petit recoin dans une ruelle sale où m'installer et me donne un pain, un pichet d'eau et des plantes médicinales.

  J'étale ma veste à l'endroit que l'on m'a donné et y dépose délicatement ma sœur. Ce n'est que lorsque je tente de lui donner les herbes que je m'aperçois que son visage est ravagé de larmes. Elle est perdue dans un silence profond. Le mutisme d'une âme fragile et souffrante dans un monde cruel.Des gouttes salées de désespoir et de découragement. Une éclipse sur un visage maigre et innocent. Le reflet sur l'eau de l'injustice de la vie. Et moi, impuissant pour venger ses larmes. Nous sommes deux enfants abandonnés ayant perdu foi en l'avenir. Je prends doucement Elisabeth dans mes bras, la berce tendrement et lui murmure : "Le soleil qui se lèvera demain ne sera que meilleur".


Alors, qu'en pensez-vous ? Moi, je trouve que c'est un texte fort, mais j'en ai peut-être fait un peu trop sur la fin...
Je vous souhaite une bonne fin de week-end !

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